lundi 30 janvier 2012

C'est pas nous qui le disons ...

Oiseaux, papillons et flore alpine rattrapés par le réchauffement en Europe


Les oiseaux et les papillons européens s'adaptent au réchauffement climatique en remontant vers le nord, mais pas suffisamment vite pour compenser l'augmentation des températures moyennes, démontre pour la première fois une étude publiée dimanche. (© AFP)

PARIS (AFP) - Les oiseaux et les papillons européens s'adaptent au réchauffement climatique en remontant vers le nord, mais pas suffisamment vite pour compenser l'augmentation des températures moyennes, démontre pour la première fois une étude publiée dimanche.

Camarine noire sur les Monts du Cantal. Relique glaciaire menacée par le réchauffement.

Une étude similaire, publiée également dimanche par la revue britannique Nature Climate Change, relève en outre que le réchauffement est en train d'altérer profondément la végétation alpine sur tout le continent.

En une vingtaine d'années (1990-2008), les températures moyennes ont augmenté en Europe d'environ 1°C, ce qui revient à un décalage des températures vers le nord équivalent à 249 kilomètres, souligne l'étude menée par le biologiste français Vincent Devictor du CNRS de Montpellier.

Régime alimentaire, stratégies migratoires, types d'habitats et autres spécialisations écologiques sont souvent très dépendantes du climat, et le réchauffement en cours a un impact notable sur de nombreuses populations animales.

La réponse des papillons à ce changement climatique a été un glissement vers le nord également, mais avec un retard accumulé sur cette période de près de 135 km sur les températures.

Un retard encore plus marqué pour les oiseaux, avec un décalage de 212 km, relève dans un communiqué le Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) de Paris, pour lequel Frédéric Jiguet a coordonné l'étude sur les oiseaux.Pour le Muséum, cela "illustre à quel point les changements climatiques réorganisent rapidement et profondément la composition de la faune en Europe, avec d'inquiétants décalages dans la réponse des différents groupes d'espèces" qui pourraient profondément modifier les interactions entre ces espèces.

Fruit d'une collaboration sans précédent entre de nombreux chercheurs européens, cette étude a observé l'impact du changement climatique sur 9.490 communautés d'oiseaux et 2.130 communautés de papillons dans différents pays (France, Royaume-Uni, Espagne, Pays-Bas, Suède, Finlande et République tchèque).

Ces chercheurs ont bénéficié des données récoltées par des milliers de naturalistes bénévoles de différents réseaux, totalisant plus d'un million et demi d'heures passées sur le terrain depuis plus de vingt ans pour compter papillons et oiseaux, souligne le MNHN.

Une tendance similaire apparaît pour la flore alpine, qui n'est toutefois pas en mesure de s'adapter aussi bien et vite que les animaux, selon une étude dirigée par l'Académie des Sciences autrichienne et l'Université de Vienne.

Une équipe de botanistes de 13 pays ont analysé 867 échantillons de végétation provenant de 60 grands sommets européens, d'abord en 2001 puis en 2008. La comparaison des résultats suggère que, à l'échelle du continent tout entier, les plantes traditionnelles des climats alpins froids sont en train d'être évincées par des plantes adaptées aux régions plus chaudes.

"Nous nous attendions à trouver un nombre plus important de plantes aimant la chaleur à des altitudes plus élevées, mais pas à découvrir un changement aussi marqué dans un laps de temps si court", explique dans un communiqué Michael Gottfried, du programme GLORIA qui a coordonné l'étude.

"De nombreuses espèces adaptées au froid sont littéralement en train de déserter les montagnes. Dans certains sommets de basse montagne européens, on pourrait voir disparaître dans les prochaines décennies les prairies alpines au profit d'arbustes nains", met-il en garde.
© 2012 AFP

Autant d'éléments qui militent pour réduire nos déplacements et plus globalement nos rejets de CO2.

Les voyages en vélo de randonnées sont à moindre coût un mode de déplacement et de découverte extraordinaire et respectueux de l'environnement (photo T. Darnis).

mercredi 4 janvier 2012

Le Blog de la FDANE Cantal : Mode d'emploi

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mardi 3 janvier 2012

Etudier la nature oui mais pas sans déontologie...


Autant  nous sommes très prompts à dénoncer les exactions de nos semblables envers la nature, autant il ne serait pas honnête, ni objectif de ne pas balayer devant notre porte.

Sous prétexte que connaître la nature c'est déjà un peu la protéger, certains naturalistes simplement emportés par leur zèle ou sans scrupules, s'autorisent des écarts de conduite envers des espèces fragiles.

Ils ont, il est vrai, souvent pour objectif final de fournir des états de référence, des suivis afin de préserver ou de restaurer des milieux ou espèces qui sont malmenés par les activités humaines...

... mais la fin ne justifie pas les moyens.

Séance de mesures sur une chauve-souris après une capture. Cette pratique est strictement réservée aux naturalistes ayant une autorisation délivrée par les instances régionales.

Par inconscience ou, plus grave, par vanité, certains naturalistes ne reculent devant rien.

C'est au mépris du dérangement et du stress provoqués par certaines méthodes, qu'ils vont obtenir les résultats de leurs études : capture au filet, radiotracking, bagage, observation et/ou photo à proximité de sites de reproduction, d'hivernage ou d'hibernation...toutes ces méthodes doivent être mûrement réfléchies avant d'être déployées. Même si certaines ne sont utilisées que de façon anecdotique, leur impact n'est pas négligeable sur les espèces étudiées.

Autant les espèces courantes ne sont que peu affectées, autant les espèces fragiles, menacées ou rares les supportent difficilement car ce sont précisément ces mêmes espèces que les naturalistes étudient préférentiellement.

C'est triste mais nous sommes ainsi faits. Tout malade que nous sommes de trop vouloir posséder, toucher ou voir. Nos pulsions cupides et orgueilleuses nous poussent à enfreindre les  règles de déontologie les plus élémentaires.

Si la plupart des amoureux de la nature arrive à réfréner ces bas instincts, une minorité fait tâche et gangrène la communauté des naturalistes.

Par exemple,
  • La capture des chauves-souris est encore trop souvent utilisée comme méthode d'inventaire ou lors de sorties pédagogiques hors cadre scientifique. Le stress et le dérangement sur les animaux peuvent-être très impactants ;
  • Le radiotracking (comprendre le suivi par antenne radio des déplacements d'animaux préalablement capturés et équipés de puces émettrices) très perturbant pour les espèces est en pleine vogue. Son utilisation en augmentation représente une débauche de moyens pour des résultats peu extrapolables d'un site à l'autre ;
  • Le bagage des jeunes oiseaux est systématiquement utilisé sur certaines espèces pourtant menacées comme le Circaète Jean-le-Blanc. Dans ce cas précis les ornithologues postulent sur les causes de la chute observée de la reproduction sans même imaginer que leur mode de suivi, le bagage, puisse être l'une de ces causes. Une étude récemment publiée sur les manchots(1) a démontré que non seulement la survie des adultes mais aussi le succès reproducteur avaient été impactés par le marquage remettant en cause les résultats obtenus par ces suivis ;
  • Certaines espèces de plantes ont aujourd'hui disparu à cause de prélèvements trop importants dans le seul but de jaunir les planches d'herbiers de botanistes inconscients et atteints de collectionnite aiguë. Si les herbiers ont eu leur utilité par le passé, aujourd'hui, bien souvent, une bonne photo suffit ;
  • Plus grave encore, certains pseudo-naturalistes s'adonnent à leur activité favorite : la coche d'oiseaux. Ce passe temps qui se rapproche très insidieusement du comportement de prédateur consiste en une sorte de compétition à la publication d'observations de terrain. Le "jeu" consiste à être le premier à voir le retour des hirondelles. Qui annoncera en premier l'arrivée des Aigles bottés ? Qui a vu le plus d'espèces cette année ? Tout un tas de questions auxquelles seuls ceux qui ont un égo surdimensionné essayerons de répondre ;
  • Certains n'hésitent pas à faire plusieurs centaines de kilomètres et autant de pétrole brûlé dans un week-end pour "cocher" une espèce d'oiseaux avant tout le monde juste pour la gloriole... D'autres pour faire une photo vont jusqu'à grimper dans les nids d'espèces rares en pleine période de reproduction.
Généralement, ce type de naturalistes aurait très bien pu collectionner les clés de douze si le hasard ne leur avait pas mis entre les mains une paire de jumelles ou un appareil photo.
Piège entomologique à interception en forêt.


Lors de suivis ou de veilles sur des espaces naturels, le gestionnaire naturaliste devrait privilégier les programmes à long terme, aux méthodes passives et non invasives pour les espèces. Par exemple pour les chauves-souris, les méthodes acoustiques (études des cris ultrasonores) ont démontré leur innocuité et leur efficacité. L'observation à distance (à plus de 300 ou 500 m) des sites de reproduction de rapaces est bien plus efficace que de se poster sous le nid.

La déontologie voudrait que l'on privilégie les approches pérennes dans le temps et les plus neutres possibles pour les espèces. La pression de l'étude ou de tout comportement envers la nature devrait  être consciencieusement estimée à l'amont. Si certaines méthodes sont à bannir purement et simplement, le recours aux méthodes invasives citées ci-dessus devrait être envisagé dans des cas extrêmes, pour répondre à des questions très précises, et après avoir démontré l'inefficacité des méthodes douces. Ces études devraient être encadrées par un protocole scientifique rigoureux, un suivi et une analyse du retour d'expérience.

(1) : Reliability of flipper-banded penguins as indicators of climate change. 2011. Nature 469 : 203-206