mercredi 16 mars 2016

Après les faucons de Turlande, voici les vrais d'Urlande ...

Le site du rocher d'Urlande (commune de Saint-Etienne-de-Chomeil dans le Cantal) suivi depuis les années 80' en tant que site de nidifcation du Faucon pélerin est menacé.

 

Cette année encore, un couple s’est installé et a débuté sa reproduction sur le site. De plus, chaque année, la falaise abrite la nidification de l’Hirondelle de rochers. Le Grand Corbeau y a également niché. Dans la forêt environnante, un couple de Buse variable est identifié et ce secteur est également favorable au Milan royal dont la reproduction est probable dans les environs.

Toutes ces espèces sont protégées par la loi, c'est-à-dire que sont interdites sur tout le territoire métropolitain et en tout temps : la destruction intentionnelle, la perturbation intentionnelle des oiseaux, notamment pendant la période de reproduction et de dépendance, la destruction, l'altération ou la dégradation des sites de reproduction de ces espèces (cf. Arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection). Certaines sont également menacées et méritent toute notre attention comme le Faucon pèlerin et le Milan royal (directive européenne oiseaux, listes rouges nationale et régionale).

Un projet de via ferrata est en cours d'étude. Alors que les travaux d'équipement sont programmés pour l'automne, les décideurs (la commune de Saint-Etienne-de-Chomeil et la Comcom Sumène-Artense) n'ont semble-t-il pas voulu intégrer la présence de ces espèces.


L'espèce protégée la plus patrimoniale est bien entendu le Faucon pèlerin. L'Auvergne héberge très peu d'individus de cette espèce emblématique des falaises, avec seulement 70 couples dans notre région et environ 35 dans le Cantal. De plus, dans les années 70-80, le Faucon pèlerin fut le symbole de la lutte naturaliste contre le DDT et le marché noir des fauconniers. Après avoir frôlé la disparition de notre territoire national et malgré des améliorations notables (sa protection nationale en 1976, l'interdiction du DDT), cette espèce emblématique de nos falaises est encore classée de nos jours dans les "Espèces menacées au niveau régional en tant qu'espèces vulnérables".

Faucon pèlerin (photo libre de droit)

Malgré cela, sous l'impulsion d'associations de sports dits de pleine nature, des projets de via ferrata fleurissent aux quatre coins de notre département, plus destructeurs les uns que les autres.
  • Le rocher de Turlande (commune de Paulhenc dans le Cantal) sur la Truyère est aujourd'hui défiguré par des câbles et des cordes à demeure (voir notre article) au mépris de la nidification des Hirondelles de rochers et Faucons crécerelles (elles aussi protégées, et autres Faucon pèlerin et Aigles bottés présents dans le secteur),
  • La via ferrata de Sainte-Genevieve-sur-Argence (Aveyron) toujours sur la Truyère a éliminé un site de nidification du Grand duc d'Europe. Elle n'est qu'à quelques kilomètres en aval de Turlande. Belle logique de développement messieurs les aménageurs ! d'autant plus que de nouveaux projets d'extension de via ferrata voient le jour entre Rueyres et le barrage de Labarthe en Aveyron,
  • La falaise de Vergne Nègre au lac des Graves (commune de Lascelle - Cantal) est elle aussi souillée par une via ferrata. Le Grand duc d'Europe connu depuis de nombreuses années a abandonné le site,
  • La falaise de Bort-les-Orgues est équipée de voies d'escalade et est praticable sans aucune restriction alors qu'un couple de Faucon pélerin, bon an mal an, tente de s'y reproduire depuis des années,
  • Le site des Grivaldes (commune de Lapeyrugue dans le Cantal) où un couple de Faucons pèlerins niche depuis de nombreuses années est aussi équipé de voies d'escalade. Heureusement ce site a été retiré du topo d'escalade du Cantal,
  • Aujourd'hui c'est le rocher d'Urlande qui est menacé.
Ce mardi, alors que des naturalistes observent le couple en pleine parade et accouplement, des grimpeurs sont venus sur les voies fraichement équipées sur le rocher d'Urlande. Les cris d'alarme des  faucons s'entendaient à des centaines de mètres et ne pouvaient pas être ignorés. Malgré cela, les grimpeurs ont quand même escaladé le rocher directement sous la zone potentielle de nidification. Les gendarmes ont été prévenu et se sont rendus sur site mais trop tard, la cordée était déjà repartie.

L’aménagement d’une via ferrata sur cette falaise peut mettre en péril le maintien de ces espèces sur le site (destruction de site de nidifications, dérangement pendant les études, les travaux, puis pendant l’utilisation). C'est une illusion bien encrée dans la tête des aménageurs que de croire que ces espèces de falaise iront nicher ailleurs. Il n'y pas d'ailleurs pour elles. Tous les biotopes favorables sont déjà occupés. Et oui, ces espèces sont rares parce qu'elles sont exigeantes sur la qualité du rocher, la hauteur de falaise, la protection contre les prédateurs etc.. Supprimer un site, n'est pas un report sur un autre site vierge. C'est en général une perte sèche de biodiversité.

Le service juridique de la FRANE est mobilisé et est prêt à déposer plainte si nécessaire. Tout sera mis en œuvre pour que la présence des espèces protégées soient prises en compte même si cela doit remettre en cause tout ou partie du projet.

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